Où se trouve notre public et comment avoir son attention ? Ces questions qui hantent les rédactions et dont la réponse vaut son pesant d'or se trouvaient en filigrane de nombreuses conférences au Festival International de Journalisme à Perugia.
Les exemples de la transformation du journalisme se multiplient. Lors de la dernière élection américaine, selon un rapport de Navigator Research, 43% des électeurs s'informaient par des sources alternatives, type réseaux sociaux ou podcasts. La tendance était encore plus marquée chez les électeurs de Donald Trump, où ce pourcentage montait à 59%.
Cette tendance s'observe aussi sur le Vieux Continent où HugoDécrypte est devenu la source d'information la plus citée par les jeunes selon un rapport de l'institut Reuters. La moyenne d'âge de son public est de 27 ans, tandis que pour des médias plus traditionnels comme Le Monde ou BFM TV cette moyenne fluctue entre 40 et 45 ans.
Alors, comment faire pour savoir ce que veut notre audience ? Spoiler : il faut sortir de sa tour d'ivoire et parler aux gens, à la grande surprise générale. Mais c'est encore mieux si ce n'est pas moi qui le dis, alors voilà la version officielle.
Éléments de réponse avec Upasna Gautam, responsable de produits pour la CNN et Ian Phillips, responsable des médias à l'ONU.
Essayer de se reconnecter à son public, mais comment ? Ça tombe bien, dans une conférence à propos des nouvelles manières de penser les rédactions, Natalia Viana, directrice de Casa Publica, le plus grand média d'investigation au Brésil, présentait ses locaux et ses projets. Elle a installé sa rédaction dans une maison en plein cœur de Rio et a ouvert les portes de sa casa pour y intégrer son audience dans son travail.
Natalia n'était pas la seule journaliste d'investigation présente sur le festival. Il y avait également Ivan Kolpakov, cofondateur du média d'investigation russe Meduza. Il était présent pour discuter de l'importance de visas d'urgence pour extrader les journalistes en danger. Pendant que certains s'enferment dans leur tour d'ivoire, d'autres rêveraient d'y rentrer un instant, histoire de pouvoir travailler en sécurité.
L'aspect le plus enrichissant de ce festival reste les rencontres qu'il est possible de faire. Les titres captivants de certaines conférences ne tenaient pas toujours leurs promesses, mais c'était l'occasion de trouver la bonne personne à interroger pour approfondir un aspect qui nous intéresse. Aller chercher les infos, les bonnes personnes, creuser pour trouver une petite pépite, c'est au cœur du métier de journaliste. Comme disait Upasna Gautam, il faut arrêter de baser son travail sur des hypothèses. Un moyen de challenger ses hypothèses est d'aller parler avec d'autres journalistes. Ce genre de discussion peut être perçu comme une forme d'entre-soi, mais au vu de la variété des profils présents à Perugia, je pense que ce genre d'expérience a tendance à nous sortir de notre fameuse tour d'ivoire.
First Learn The Rules. Then Break Them.
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