
J'aurai une chouette annonce à te faire d'ici quelques jours concernant la concrétisation d'une belle et ambitieuse initiative, en partenariat avec l'une des université avec laquelle j'ai la chance de collaborer depuis longtemps (oui, il s'agit bien de l'IHECS 😛😎 )
Rejoins-moi sur LinkedIn si ce n'est pas encore le cas, et t'en dis plus très vite ici aussi !
Cet été, j'en ai profité pour bouquiner pas mal sur la thème de "la liberté", notamment grâce Timothy Snyder (ce mec est un puit de savoirs et d'histoire politique ... il met des mots justes sur des intuitions assez fondamentales concernant les enjeux qui nous attendent). J'en ferai un billet à part un peu plus tard, puisque que j'ai entamé un autre de ces bouquins ("De la Tyrannie"), mais je t'en partage déjà plus bas quelques notes, prises à la volée.
Je te livre également quelques réflexions suscitées par l'actu de ces dernières semaines, à propos desquelles des confrères journalistes aux JT de la RTBF et de RTL m'ont interrogés.
Enfin, je reviens aussi sur le document qui a leaké il y a quelques jours depuis le QG de Meta, concernant les limites (?!) éthiques imposées, ou non, à son IA ... et à l'urgence pour l'Europe d'imposer "by design" une réflexion en la matière.
Ah oui, sinon, j'ai aussi passé mon permis et acheté une moto. Pourquoi, comment, et à quel usage ? Je t'en dis plus en 360, sur Tiktok 🏍️😜
Bonne lecture, bonne rentrée et si tu veux prendre un café à Bruxelles, Paris, Génève, Montréal, en ligne ou ailleurs, n'hésite pas à bloquer un petit créneau dans agenda !
Damien
🎙️Petite intervention ce week-end au micro de Romain Mayez, sur RTL Belgium (merci pour l'invitation 🙏), à propos de de la suspension de Grok après ses commentaires sur Gaza.

En substance, je pense qu'il est d’abord bon de rappeler que les intelligences artificielles comme Grok, ChatGPT ou d’autres ne sont pas des sources d’autorité ni de vérité en soi. Ce sont des systèmes qui génèrent des réponses à partir de grandes masses de données disponibles publiquement — des données qui, elles-mêmes, peuvent être biaisées, incomplètes ou datées.
Ensuite, dans le cas précis de Grok, ce que l’on observe est typique des tensions entre performance technologique, responsabilité éditoriale et charge émotionnelle d’un sujet comme celui de Gaza. Les IA peuvent très vite amplifier une information si leur modèle d’apprentissage y est exposé massivement, sans pour autant en vérifier l’exactitude dans un contexte nuancé ou actualisé.
Pour moi, et c’est l’un des grands enjeux actuels, une IA peut répliquer un raisonnement juridico-politique ou médiatique sans le comprendre. Elle peut citer des institutions, mais elle ne juge pas. Elle n’analyse pas la portée morale ou politique de ses propos. Cela peut donner l’illusion d’une position tranchée, alors qu’il ne s’agit que de traitement algorithmique d’information.
Ce que l’incident Grok illustre bien, c’est la difficulté — voire l’impossibilité actuelle — pour une IA d’intervenir dans un débat géopolitique de haute intensité sans risque de maladresse, d’amplification ou d’erreur. Surtout quand les termes employés, comme “génocide”, ont une dimension à la fois juridique, émotionnelle et politique très forte.Il est donc essentiel de développer une culture critique sur les capacités réelles de ces outils. Ils sont puissants, utiles dans certains contextes, mais encore très vulnérables dans des environnements complexes, polarisés, où chaque mot compte.
📣 Enfin, ce n’est pas tant une question de censure ou de vérité, mais bien une question de maturité technologique. Nous devons apprendre à encadrer ces outils, à comprendre leurs mécanismes, et surtout à ne pas leur déléguer la fonction de conscience morale ou politique.
Il y a quelques jours, fin juillet, Sophie Mergen et Lisa B. (JT et la Première RTBF) m'ont également demandé de réagir concernant le pied de nez de Meta à l'Europe concernant le "consent or pay", quand le droit fondamental à la protection des données devient une fonctionnalité Premium ... quelle farce ! 🫤🤔

Un document interne de Meta, dont Reuters a pu prendre connaissance, montre que ses IA pouvaient, jusqu’à récemment :
• Engager des conversations romantiques avec des enfants,
• Produire des arguments racistes,
• Diffuser sciemment de fausses informations médicales.
Certaines règles ont été corrigées… après que la presse ait pu en faire état !Cet épisode pose une question essentielle : pourquoi ces garde-fous n’étaient-ils pas codés by design, dès la conception ?
💬 Une IA ne devrait pas juste être « intelligente » — elle doit être intègre.Les lignes rouges doivent être hard codées, dès le départ, pas réécrites sous la pression médiatique. Dans l’IA générative, la frontière entre ce qu’un utilisateur demande et ce qu’une machine produit est cruciale. Produire un contenu problématique n’est pas neutre — surtout quand on s’appelle Meta et qu’on déploie ses systèmes à l’échelle mondiale.
L’Europe a commencé à poser un cadre ambitieux avec l’AI Act, mais l’enjeu est clair :
➡️ Les standards éthiques doivent être inscrits dans le design même des systèmes.
➡️ Les acteurs doivent rendre des comptes (accountability) quand ces standards sont violés.
L’IA a le potentiel et va à coup sûr transformer nos sociétés. Mais pour que ce potentiel se réalise de la manière la plus positive possible (et pas uniquement pour maximiser les profits), il faut une exigence constante, dès le code, jusqu’aux responsabilités légales.
Pas pour freiner l’innovation 🚀, mais pour garantir qu’elle serve nos valeurs communes.
Si la liberté est un droit, soutient le philosophe Joseph Raz, c'est aussi un devoir.
La liberté ne peut pas être égoïste. Se déclarer libre, c'est promettre d'agir de telle sorte que les autres puissent l'être.
Il nous revient de concevoir une société de personnes libres et d'essayer de la bâtir. Moralement, logiquement et politiquement, il n'existe pas de liberté sans solidarité.Les formes incontournables de la liberté sont la souveraineté, l'imprévisibilité, la mobilité et la factualité.
Si je les revendique pour moi, je dois le faire pour tous. Elles ne peuvent être concrétisées que dans le cadre d'un projet commun. Revendiquer la liberté seulement pour soi est logiquement incohérent, moralement borné et politiquement inefficace.
C'est choisir l'isolement que les tyrans auraient choisi pour nous. Ils utilisent assez souvent le terme de liberté ; sans solidarité, nous serons des dupes et nous duperons les autres.
La solidarité est une forme noble et vitale de liberté. Elle fait de la liberté une justice.
(...)
« Se prononcer pour la liberté, c'est se déclarer pour la liberté d'expression. Se déclarer en taveur de la liberté d'expression, c'est prendre le parti des faits. Prendre le parti des faits, c'est soutenir les institutions qui leur donnent un toit.»

Une déclaration est contrebalancée par un accommodement. Un franc-parleur prend un risque. Ceux qui prennent des risques ont besoin de solidarité, sous forme d'une protection de la liberté d'expression. Un pays de francs-parleurs a besoin d'institutions qui régulent ces risques et rendent ainsi possible la factualité.
Il faut des francs-parleurs, mais aussi des auditeurs réceptifs. Nous avons tous besoin de pouvoir faire posément attention. Les gens qui s'enferment dans de gros mensonges le font parce qu'ils se sentent démunis et isolés. Ils ne croient pas peser du moindre poids dans le monde et acceptent donc qu'un complot gouverne tout.
Dans un cercle vicieux, l’illiberté promeut le mensonge, rendant ainsi les gens encore moins libres. Nous avons besoin d'un cycle vertueux de liberté et de courage.Un bon gouvernement prendrait des mesures spécifiques afin de protéger l'investigation et sa réception.
Le juriste Zechariah Chafee, éminent interprète du Premier Amendement, savait que la liberté d'expression exigeait que nous prenions des « mesures positives (affirmative) pour améliorer les méthodes présidant au déroulement de la discussion'».C'est précisément ce que font les meilleures démocraties à travers le monde. La constitution norvégienne (article 100), par exemple, fait obligation à l'État de créer des conditions propices à la discussion.
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