Amazon paie 2,5 milliards pour ses dark patterns sur Prime

La FTC inflige une amende record d'1 milliard à Amazon pour manipulation des utilisateurs Prime, avec 1,5 milliard supplémentaire de remboursements. Un signal fort contre les pratiques trompeuses des géants tech.

25 déc. 2025
Amazon paie 2,5 milliards pour ses dark patterns sur Prime
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8/10 : Score sur l'échelle des "5 piliers de la liberté", inspiré de l'ouvrage de Timothy Snyder
Prime : transaction record entre Amazon et la FTC pour usage de dark patterns
Prime : transaction record entre Amazon et la FTC pour usage de dark patterns

Cette transaction record de 2,5 milliards de dollars entre Amazon et la FTC marque un tournant dans la régulation des dark patterns. L'amende d'1 milliard, accompagnée de 1,5 milliard de remboursements aux utilisateurs, sanctionne les pratiques manipulatrices d'Amazon sur son service Prime.

Ce qui ressort de cette affaire, c'est l'ampleur systémique des dark patterns déployés par Amazon pour piéger ses utilisateurs dans des abonnements non désirés ou difficiles à résilier. Ces techniques de manipulation numérique violent frontalement plusieurs piliers de la liberté numérique : elles sapent la souveraineté des utilisateurs en les privant de vrais choix, réduisent leur mobilité en créant des frictions intentionnelles pour partir, et altèrent leur capacité à comprendre les faits réels derrière les interfaces trompeuses.

L'inclusion de deux dirigeants d'Amazon dans la transaction révèle une stratégie régulatoire plus agressive : toucher directement les décideurs pour créer une responsabilité personnelle. Cette approche pourrait dissuader d'autres executives de cautionner de telles pratiques, créant un précédent important dans un secteur où l'impunité était jusqu'ici la norme.

Toutefois, l'efficacité réelle de cette sanction reste à démontrer. Pour Amazon, 2,5 milliards représentent une semaine de revenus - une piqûre de moustique qui pourrait être intégrée comme simple coût opérationnel si les gains des dark patterns restent supérieurs aux amendes potentielles.

Points de vigilance : Risque de normalisation des amendes comme simple taxe business model ; focus sur Amazon pourrait détourner l'attention des pratiques similaires chez d'autres acteurs

Framework: Les 5 piliers de la Liberté
Certains articles publiés ici sont produits grâce à une grille d’analyse inspirée des 5 piliers de la Liberté, théorisés par l’historien Anthony Snyder dans son livre “De la Liberté” (2024). En croisant les piliers de Snyder et sa définition de la liberté positive/négative avec ceux de l’innovation dite “systémique”

Et maintenant ?

Face à ces enjeux, plusieurs pistes d'action systémique se dessinent.

🤘 Créer un label européen 'Interface transparente' certifiant l'absence de dark patterns, géré par une coalition d'associations de consommateurs et d'experts UX indépendants. Cette certification deviendrait un avantage concurrentiel pour les entreprises vertueuses, créant une course vers le haut plutôt que vers le bas. Le label pourrait être financé par les amendes pour dark patterns, créant un cercle vertueux où les sanctions financent directement les alternatives.

L'enjeu est de transformer la transparence d'interface en différenciation commerciale, rendant les dark patterns économiquement contre-productifs. Une approche qui mise sur l'émulation positive plutôt que sur la seule sanction.

On saura que ça marche quand les entreprises tech commenceront à faire de la publicité sur leur absence de dark patterns, et quand les premiers refus de certification feront polémique dans les médias spécialisés.

💪 Instaurer une responsabilité pénale personnelle systématique des dirigeants tech en Europe pour les dark patterns avérés, sur le modèle de la responsabilité des dirigeants en matière environnementale. Cette mesure casserait l'impunité structurelle qui permet aux executives de socialiser les risques tout en privatisant les profits.

Au-delà de l'effet dissuasif, cela créerait une pression interne dans les entreprises tech pour documenter et challenger les décisions UX potentiellement manipulatrices. Les conseils d'administration seraient contraints d'intégrer ces risques dans leur gouvernance.

On saura que ça marche quand les entreprises tech commenceront à recruter massivement des éthiciens UX au niveau C-suite, et quand les premiers dirigeants européens refuseront des postes chez les géants américains par crainte juridique.

Développer des 'class actions' européennes spécialisées dans les dark patterns, permettant aux utilisateurs de se regrouper facilement pour attaquer collectivement les pratiques manipulatrices. Ces actions collectives pourraient être financées par des fonds spécialisés alimentés par un pourcentage des amendes infligées aux plateformes.

L'objectif est de créer un coût systémique et prévisible pour chaque dark pattern déployé, rendant ces pratiques économiquement irrationnelles à grande échelle. Cette approche transformerait chaque utilisateur en potentiel auditeur des interfaces.

On saura que ça marche quand les premiers cabinets d'avocats européens se spécialiseront dans les dark patterns, et quand les entreprises tech intégreront le risque de class action dans leur calcul ROI des fonctionnalités manipulatrices.


Ces pistes ne sont pas des recettes toutes faites, mais des points d'entrée pour repenser nos systèmes numériques selon une logique de liberté positive : non pas limiter, mais augmenter nos capacités collectives d'action.

Si tu connais des exemples réels qui vont dans ce sens — ou des contre-exemples qui méritent d'être documentés — partage-les moi et documentons les ensemble !

Plus d'articles, par "pilier" de la Liberté, selon Snyder

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