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Intelligence artificielle, bienvenue au pays des rêves !

En Italie, au Festival international du journalisme, l’IA s’est offert une place de choix. Mais derrière ce grand spectacle, l’avenir même des médias ne se joue-t-il pas une nouvelle fois ? Édito.
Un robot tient le programme du Festival international du journalisme 2025
Du 9 au 13 avril à Pérouse (Italie), des journalistes venus du monde entier se sont réunis pour préparer et débattre de l’avenir de leur profession. Illustration : Alexa Cano/IJF25

Vous le ressentez, ce frétillement de renouveau ? Cet air frais qui s’engouffre dans toutes les couches de la société, toutes les industries, et surtout dans tous les débats. Pour Audrey Azoulay, directrice générale de l’UNESCO, l’intelligence artificielle est peut-être bien la quatrième révolution industrielle, après Internet au début des années 2000.

Et c’est vrai : oublions nos assistants vocaux parfois capricieux et ces aspirateurs connectés qui s’embourbent dans les tapis. L’IA pénètre aujourd’hui des secteurs autrement plus cruciaux. Elle tente d’accélérer les avancées médicales dans la recherche de maladies, de sécuriser nos déplacements ou encore de renforcer la surveillance environnementale pour mieux anticiper les dérèglements climatiques.

Si cet enthousiasme est unanime, le monde des médias n’est pas en reste : à Pérouse, tous les acteurs se sont mis à table ! D’un côté, les journalistes, pris d’un doux mélange de scepticisme et d’effervescence ; de l’autre, des directions de l’innovation qui ne peuvent pas rater le virage, et bien sûr, parmi eux, les différentes intelligences artificielles aux fonctionnalités et aux promesses toujours plus étonnantes. Chacun guette son tour pour s’interroger, se défier, et s’apprivoiser.

Pourtant, à la place du roi, ce sont les géants de la tech qui tentent de s’inviter dans les sièges stratégiques : dans nos rédactions – ou encore dans notre quotidien via nos applications de messagerie. L’IA de Meta sur WhatsApp ou Messenger est par exemple un convive qu’on ne peut plus congédier. Citoyens et journalistes, nous voilà contraints de négocier les règles de leur banquet.

Tout cela ne vous rappelle rien ? Les mêmes promesses mirobolantes déjà entendues à l’ère des moteurs de recherche et des réseaux sociaux : contenu gratuit contre flux de trafic illimité et revenus publicitaires supplémentaires. Un pacte inégal… qui s’est finalement révélé fatal à l’économie des médias.

Avec l’IA, le scénario menace de se répéter : nombreux sont ceux qui foncent tête baissée, mus par la peur de rater le coche, tout en fermant les yeux sur les enjeux éthiques, la protection des sources et l’usage des données. Au risque de nous rendre encore plus dépendants de ces puissants convives et d’éroder un peu plus nos modèles de presse.

Alors faut-il céder à la course folle aux algorithmes ? Ou imposer dès aujourd’hui nos propres garde-fous, négocier la part qui nous revient dans ce festin technologique ? À nous de faire en sorte que cette table devienne un espace d’émancipation collective, et non encore une fois un piège tendu par d’autres.

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IA et Journalisme : révolution ou piège

À l’occasion du Festival international de journalisme à Pérouse, j’ai
voulu comprendre la manière dont les journalistes accueillent l’arrivée massive des outils dopés à l’intelligence artificielle. Pour aller plus loin, vous pouvez retrouver ce reportage directement sur notre média instagram @Declik_media

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